[Par qui commencer ?]
Allez ! C’est décidé : courtoisie oblige, je vais vous parler de mes petits moments privilégiés, mes instants de pauses magiques : mes minutes sacrées passées sur le rebord accueillant de mes petites fontaines à tendresse. Je vais vous parler de mes petites douceurs préférées, mes petites pâtisseries favorites. Mes petits croissants de lune à moi, mes petites viennoiseries des petits matins, mes petites forêts noires encore vierges : mes petites nanas au rhum ou mes religieuses à moi !
Je pourrais vous parler de Delphine et des chocolats que je lui offrais, jadis, pour me faire pardonner d’avoir été méchant avec elle, ou bien de Nadine, la rouquine, qui ne se lassera jamais de répéter sans cesse, un peu comme une litanie extrascolaire irrémédiable, que « le plus pire reste encore à venir ». Je pourrais vous parler encore de Ninie, la petite poupée version réduite de la classe, toujours trop bien sapée à mon goût, et chez qui le manque d’humour tourne de plus en plus souvent à la paranoïa, mais non, je ne vous parlerai pas d’elle. En fait, je préfère vous parler de ces fameuses « chaussures que l’on trouve à son pied », ces belles pointures, ces références, ces modèles, ces petits accessoires de sortie que l’on est toujours fier de présenter à ses copains : ces condensés de séduisante perfection aux charmes dévastateurs, qui nous font rêver la nuit de pouvoir un jour tisser avec elles des liens aussi solides et confortables que la liaison fusionnelle de nos soirées les plus creuses, avec la tiédeur de nos pantoufles les plus fidèles.
Je veux vous parler de ces nanas aux prénoms que l’on irait chanter sous tous les toits, ces figures marquantes que l’on adore dans l’ombre et qui nous mèneront toujours par le bout du nez. Ces espèces de Gabrielle de Johnny, Elisa de Gainsbourg, Lisa de Goldman, Paulette de Montand … Ces espèces de grandes dames, de Haute-Savoie ou d’ailleurs, dont les réputations se répandent au-delà de nos frontières et de nos époques.
Pour moi, ce sont Sylvie, Patricia, Amandine, Cécile, Katia, Léa, Sandrine, Corinne, Sophie, Nathalie, Joëlle, Céline, Alexandra, Bérengère, Virginie, Isabelle, Marjorie, Caroline, Laetitia, Karine, Coralie, Emilie, Josiane, Mylène, Stéphanie, Magali, Christelle, Camille, Annie, Charlotte, Peggy, Amélie, Catherine, Muriel, Elodie, Nicole, Emma, Agatha, Natacha, Vanessa, Clémentine, Valérie, Jennifer, Evelyne, Véronique, Estelle, Xavière, Louisa, Pauline, Anne-Sophie, Séverine, Mélanie, Fanny, Zohra, Marina, Helena, Valeria, Marie-Jo, Marité, Maryline, Marylou, Marie tout court … La liste est longue et interminable, je le reconnais, mais il suffit que je pense, ne serait-ce qu’une fraction de seconde, à l’une d’entre elles, pour qu’aussitôt, mon être fragile, sensible et délicat, se retrouve assailli d’au moins une demi douzaine supplémentaire de ces petits escargots de Noël à déguster toutes saisons.
Vous le savez bien, après tout ! Les femmes, c’est un peu comme les locomotives à la sortie des gares : il y en a toujours une qui peut en cacher une autre.
Ce serait donc difficile de commencer par le début, d’autant plus que la femme est de nature très possessive et jalouse, et que, par conséquent, en choisir une d’office, surtout pour lui rendre un hommage tout particulier, reviendrait à faire une véritable déclaration de guerre à toutes les autres !
Nous parlerons donc finalement de Florent, un pote, histoire de mettre tout le monde d’accord et de faire piétiner, de rage et d’impatience, toutes celles qui se voyaient déjà en haut de ma petite liste des favorites. Après tout, les filles, on leur ouvre le passage, on leur retient les portes, on leur fait des courbettes, on leur fait des sourires, des sacrifices, des confidences, des plaisanteries, des invitations, des propositions, aussi, je ne vois pas pourquoi, pour une fois, on ne dérogerait pas à la règle !
Donc, Florent est un mec, et il y a beaucoup à dire sur lui.
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